Choisir un style de police de caractère pour son site web, son logo, sa communication de marque... oui mais lequel ou devrions nous dire lesquelles ? Du Times new roman ? trop banal ! Du Comic sans ? Mauvaise idée ! Pour savoir choisir la police typographique qui va véhiculer votre message de la manière dont vous le souhaitez ou valoriser votre marque, il faut connaitre les sous entendus, les connotations, et plus largement l'histoire des différentes typographies pour maitriser leur signification.

Alors voilà quelques explications de notre équipe graphique. Mais avant tout voyons un peu d’histoire pour comprendre…

 

Comprendre l’histoire des polices de caractères

alphabet romain

Les premières lettres étaient cunéiformes (-3400 ans), imprimées dans de l’argile par un calame qui formait des signes constitués de traits terminés par des coins (d’où son appellation cunéiforme).

Abandonnées progressivement vers 500 avant JC nous lui choisirons l’alphabet phénicien ou araméen. l’impression se fait sur des supports périssables comme du papyrus ou parchemin avec une cale en bois au bout plat formant des motifs calligraphiques.

Sous l’empire Romain nous confirmons un langage de type alphabétique et des lettrages plus structurés, standardisés, qui permettent alors l’impression ou la sculpture sur des supports durables comme la pierre, le métal, le bois… Le dessin des lettres est néanmoins hérité des anciennes graphies comme :

  • les parties triangulaires sur les pieds et têtes des lettres représentant les aspects triangulaires des écritures historiques cunéiformes.
  • les pleins et déliés que sont les variations d’épaisseurs dans les lettres héritées des écritures scribes et leurs calligraphies.

Cela servira de modèles de caractères de référence jusqu’au 19e siècle avec les polices dites Sérifs (avec empatement).

 

Jusque là les lettres sont manuscrite et ce n’est qu’avec les techniques de reproduction automatisées que la dénomination "Typographie" naitra. La "typographie", étant la technique d’impression qui utilise le relief comme procédé d’impression.

 

En Europe, nous avons tous en tête la presse de Gutenberg en 1450 qui a démocratisé l’imprimerie et permis la reproduction de livres, affiches ou ouvrages ! Ce n’est pour autant pas la première expérience de reproduction de textes, car au 6e siècle, en chine, naissait la Xylographie qui est un procédé de gravure sur Bois, fastidieux, rendant impossible une modification postérieure… ! Gutenberg a su améliorer le procédé en séparant chaque lettre pour les assembler à volonté et former des phrases… L’impression moderne était née.

 

Ce n’est qu’au 19e que les polices de caractères ont vraiment fait l’objet d’évolutions majeures qui se classifient aujourd’hui par grandes familles : Humanes, Garaldes, Réales, Didones, Mécanes, Linéales ...

Pour mémoire, la classification des polices de caractères en 11 grandes familles a été Inventée en 1954 par Maximilien Vox, puis adoptée dans les années 60 par l'Association typographique internationale (ATypi) ce qui lui vaudra le nom actuel de Vox-ATypi. Nous vous laisserons libre de consulter les subtilités de ces différentes familles si le cœur vous en dit…

 

Comment utiliser la classification des familles de caractères ?

Nous irons à l’essentiel et nous limiterons à quelques éléments clés facilement exploitables des polices de caractères dans vos créations graphiques. En effet, l’aspect émotionnel ou inconsciente évoquée par la typographie ou la forme de ses caractères doit être interprétée universellement.

 

Les classiques ou antiques, dites à patins (Sérifs) :

On y retrouve ici tout le passé prestigieux des sachants lettrés de notre histoire. En effet, à l’époque peu savaient lire et les typographes avaient un statut social particulièrement élevé. On y retrouve les patins triangulaires, histoire héritée des coins de nos écritures primitives et de calligraphies dépendantes de la forme de la plume des anciens scribes.

Font partis de cette famille les Humanes, les Garaldes ou encore les réales.

serifs fontLes polices de caractères Humanes sont parmi les plus anciennes, créées au 15e siècle par les imprimeurs vénitiens. Elles ont servi à l'impression des premiers livres tels que la Bible de Gutenberg et d'autres ouvrages. Cette famille de typographies donne un aspect à la fois ancien et vénérable et évoque la connaissance et la sagesse.

Ces caractères ou Font, diffuseront toutes les mêmes valeurs pour votre marque : elles sont le reflet de connaissances, de patrimoine, de culture, de valeurs, de raffinement…

Exemples : la Berkeley, la Garamond, la Cochin, la Times, la Baskerville…

Par exemple la police Gill Sans, dessinée par Eric Gill dans les années 20 en Angleterre a vu son usage s'étendre partout sur l'ile britannique à cette époque, a tel point qu'elle est devenue le caractère britannique emblématique par excellence. Cette police possède toutes les connotations attachées généralement à l'Angleterre : fiabilité, sérieux, classe et en même temps un petit cotés ludique.

 

Vers la modernité du 19e siècle :

Didones fontLa famille des Didot avec leurs patins plats ou carrés évolution tardives au 19e des familles classiques, vers une police à patins (Sérifs) plus moderne utilisant des déliés très fins, les techniques d’impression ayant évoluées. Elle contribue avec les autres à une image très utilisée dans la Presse ou le titrage de magazines haut de gamme, avec une connotation très  mode, de classe, de luxe, des caractères que l'on retrouve logiquement sur les couvertures comme "Vogue" ou "Harper's bazaar".. Elle hérite de la perception des antiques mais avec des formes plus raffinées, plus fines, plus graphique. On l’utilisera principalement sur du titre et nous la retrouverons dans certains textes de taille raisonnable avec de gros interlignages. Cette typographie respire et a besoins de blancs pour s’exprimer. Nous sommes ici sur une perception luxe, mode et moderne.

Exemples : la Didot, la Bodoni…

Didot font

Mecanes fontToujours dans cette évolution orientée vers la presse et surtout la publicité en forte évolution au début 19e, les lettres s’engraissent avec des patins épais et des structures géométriques évidentes. C’est l’ère de l’industrie et de la mécanisation. On les appellera les mécanes. Ces lettres modernes disposant de patins épais oublient leurs effets calligraphiques et apportent une grande lisibilité pour des enseignes et affiches au début 19e. Ces lettres aux structures avantageuses s’utiliseront pour véhiculer une notion de rigueur, de structure d’idées, un graphisme clair, massif mais disposant de particularité subtiles grâce à leurs patins. On utilisera cette typographie pour des besoins de lisibilité son aspect massif s’associe assez bien à une communication touchant l’industrie ou illustrant le monde mécanique.

Exemples : la Rockwell, la Aachen bold…

 

vers le minimalisme et l’efficacité des polices de caractères

Lineales fontL'ambition minimaliste et la recherche d’impact évident pour les messages publicitaires, les mouvements de propagande Russe, la Bauhaus en Allemagne ou encore en Angleterre voient sortir les lettres que nous adopterons maintenant en majorité dans le digital : les lettres dits à bâtons ou sans-sérif (les Linéales)… dénuées de patins ou de déliés, appelées "sans-serif" elles sont efficaces et leur structure favorise la lisibilité des messages. Elles ont l’avantage de servir une image simple mais rigoureuse et surtout permet d’approcher de petites tailles tout en restant lisible. Elles sont légions pour vos baselines de logotypes ou vos petites mentions en bas de page. Elles représentent la modernité, le monde digital, la clarté, l’efficacité…

Exemples : l’Arial, l’Helvetica, la Futura…

 

optima fontUn compromis à ces polices sans-sérif, entre la lettre totalement constituées de droites comme les Linéales ou les lettres Sérifs à patins, nous aurons les Incises qui s’approchent de lettres à bâtons mais constituées de lignes courbes, comme des lettres à pattes d’éléphant qui rappellera un époque bien connue du 19e. Elles sont plus raffinées que les polices Linéales, plus élégantes, on les retrouve beaucoup dans l’administration ou il fallait jongler entre la lisibilité et le rappel aux fondamentaux de notre culture à patins. C’est une police de compromis qui reste très lisible et suggère le raffinement des polices à patins. Nous la retrouverons souvent pour illustrer des produits de beauté, santé, bien-être avec des lettres à l’élégance féminine.

Exemple : l’Optima…

 

Les manuscrites

Elles affichent l’inverse de toutes les précédentes : industrielles, reproductibles, standardisées… illustrant des imperfections manuscrites ! Certes parfois difficiles à lire, voire même à déchiffrer elles appellent l’imaginaire, l’humain qui se cache derrière. Elles personnifient directement le message et met en évidence une relation intime entre son auteur et le lecteur. Vous comprendrez qu’il sera difficile de tenir un lecteur sur tout un ouvrage mais elles s’utilisent souvent pour script fontune signature (car ces polices ont du caractère), une baseline (relativement imposante) ou pour des citations, des témoignages ou encore illustrer la parole d’un enfant… L’inconscient du lecteur n’y verra pas une police de caractère mais l’humain qui est derrière !

Exemple : La mistral, la brush script…

 

Dans cette catégorie nous y distinguerons deux grandes familles : les manuscrites relativement modernes issues d’une écriture shelley fontcontemporaine et celles issues d’un ancien temps voire ancien régime avec des enluminures et des lettres particulièrement raffinées. Ces dernières rappellent l’aristocratie et le sens raffiné de son auteur. Cela établie un lien privilégié avec le lecteur lui faisant partagé votre espace VIP, aristocratique….

Exemple : la shelley,

 

Les Fantaisies

Nous classerons ici toutes les autres polices de caractère aux formes originales mais dont l’objectif est plus illustratif. Impossible de les utiliser pour du texte de contenu, mais uniquement pour des titres plus orientés vers le graphisme. Elles sont évocatrices de l’univers qu’elles représentent comme la BD par exemple ou des lettres à connotation Grecques. Ces polices de fantaisie fontcaractères sont très nombreuses et illustrent la créativité de leurs auteurs. Nous vous laisserons aller voir sur Dafont par exemple le nombre impressionnant de polices disponibles. Néanmoins, elles sont tellement "perturbantes" que leur application ne pourra dépasser le cadre des titres, l’usage répété devient vite indigeste pour le lecteur et illustre un ouvrage bas de gamme voire puéril. Attention donc de bien évaluer l’usage de ce genre de typographies qui sont à elles seules des éléments graphiques importants.

 

Le cas des polices extrêmes :

Les gothiques longtemps emblème royal ou ecclésiastique elles ont disparues au profit des typos à connotation Romaines (humanistiques) : les antiques, pour des raisons politiques, vers le 15 et 16e siècle. Mais elles ressortiront avec la culture germanique lors de la dernière guerre.

les fractures font

Très graphiques, elles sont aujourd’hui chargées de sens, affichant un certain rejet du conformisme et peuvent s’associer à une connotation politique affichant un certain rejet de la société, le nom de leur famille est d'ailleurs évocateur : les Fractures. Elles conservent toutefois leurs origines nobles avec leurs enluminures et un aspect calligraphique raffiné. Elles sont peu lisible et leur usage devra plutôt servir le graphisme plutôt que l’information. Leur usage doit être très limité sous peine du rejet par le lecteur, pour sa difficulté de lecture et le sentiment agressif des formes acérées des lettres.

 

Quelles polices de caractère choisir ?

Vous travaillez sur un projet graphique de document ou d’UX design et vous ne savez pas quelles polices de caractère choisir ? voire même combien de font vous pouvez utiliser ou encore lesquelles assemblées ? Pas de panique nous tentons d’y répondre par la logique…

Que souhaitons nous atteindre comme résultat ?

1 - dégager une émotion, une atmosphère, un univers autour du projet

Nous avons répondu plus haut sur la compréhension inconsciente des polices de caractère selon leurs familles.

 

2 - identifier des niveaux de lecture car tout projet graphique nécessite une répartition évidente des niveaux de lecture.

Votre ouvrage graphique dispose de plusieurs niveaux de lecture, comme par exemple une affiche qui se limite à 3 alors qu’une brochure ou un site web peut descendre à 4 ou 5 niveaux. En niveau de lecture nous identifieront le Titre ou message principal, le chapeau ou baseline, le sous titre, le sous sous titre, le texte et accessoirement les citations ou mementos… et il peut y en avoir plus. Pour une affiche urbaine vous vous limiterez au message principal, aux messages fonctionnels (lieu, dates…) et un troisième niveau constitué des sponsors, des conditions d’application etc.

Evidemment l’efficacité du document dépend de votre talent à bien différencier ces niveaux de lecture. Les différences doivent donc être franches et évidentes en tailles, graisses, formes… A vous de voir comment articuler la lecture de votre document. Mais par exemple si vous utilisez un titre en sans-sérif ultra thin il vous faudra un écart de taille important avec le deuxième niveau pour faire la différence. De même, un deuxième niveau avec une lettre fantaisie très perturbante ou accrocheuse à l’oeil vampirisera la lecture de votre titre principal ! L’assemblage dépend donc de la puissance d’accroche à l’oeil des polices.

3 - faciliter l’expérience utilisateur (UX), voire même lui laisser une empreinte positive sur son passage.

La théorie de la Gestalt nous aide à comprendre que le texte est bien interprété par l’utilisateur comme un élément complexe à déchiffrer et que son interprétation se fait en premier lieu dans sa forme globale. Autant dire que l’harmonie des polices doit être réfléchie avec attention. C’est la raison pour laquelle nous vous déconseillons de ne jamais dépasser le nombre de 3 polices différentes sur la totalité d’un seul document et de bien les hiérarchiser. La lecture sur un document relativement long serait indigeste voire repoussante.

niveaux de lectureC’est la raison pour laquelle il n’est pas rare de voir, au profit de cette harmonie, des jeux de graisses différentes sur une même police de caractère pour illustrer différents niveaux de lecture comme par exemple une Black vs une ultra light. Certaines polices de caractères s’y prêtent tout particulièrement comme la Helvetica Neue ou encore la Roboto qui disposent de toutes les familles de graisses possibles.

 

La Typographie à éviter

Petite anecdote amusante : le Comic Sans a une très mauvaise réputation. Cette police Inspirée par le lettrage de la bande dessinée 'Watchmen" a été dessinée en quelques heures par un graphiste au sein de microsoft en 1994. Celle-ci était à la base destinée à un logiciel éducatif pour enfant. Elle a ensuite été proposée dans Microsoft Office, ce qui lui a permi se de faire connaitre du grand public. Avec Internet, son usage et sa diffusion ce sont propagés à une vitesse phénoménale sur toute la planète en quelques années.

Utilisée à toutes les sauces et plus souvent à mauvaise escient (même le pape s'y est mis sur les légendes officielles de ses albums photos), cette police a finit par symboliser une certaine forme de vulgarité et à se faire détester par un nombre croissant d'internautes. Il est donc déconseiller de l'utiliser aujourd'hui pour quelques utilisations que ce soit.

 

Où trouver des polices de caractères gratuites pour vos créations ?

Nous vous proposons pour un usage web de privilégier les fournisseurs Google font ou Adobe Font pour une grande compatibilité des typographies sur tous vos supports. Pour un usage plutôt orienté print nous vous conseillons Dafont qui offrent une quantité impressionnante de solutions gratuites, mais si vous cherchez bien il existe beaucoup de solution aujourd’hui pour trouver des Fonts originales. Attention toutefois à bien vérifier que vous disposez de toutes la panoplie de caractères bas de casse, majuscules, caractères spéciaux (.;/?!…) et surtout les caractères accentués qui sont effectivement plus rares !

 

Comment identifier une police d’écriture à partir d’une image ? 

A partir d’une image vous pouvez également identifier le nom d’une police de caractère que vous trouvez sympa. Cela vous permettra de pouvoir identifier son auteur pour en faire l’acquisition ou la télécharger librement si elle est gratuitement disponible.

Certains outils listeront des polices approchantes à celle que vous souhaitiez et donc d’identifier dans la catégorie Font gratuite des polices de caractères plus ou moins proche en libre téléchargement.

  • www.myfonts.com/WhatTheFont/
  • www.fontsquirrel.com/matcherator
  • www.whatfontis.com/

 

Comment réaliser une communication visuelle cohérente ?

Choisir une police avec pertinence, l'utiliser correctement est donc capital pour diffuser le bon message dans ses créations graphiques : affiches, sites web, flyers ... Faites confiance à l'expertise de notre Studio Graphique !